Voyage à Berlin
LA BELLE EST ARRIVÉE
Le titre de cet article ne fait allusion qu’à la traduction du nom de Néfertiti dont les 23 participants au séjour à Berlin, du 5 au 8 octobre dernier, ont pu admirer le buste au Neues Museum, lors du voyage organisé conjointement par les Associations Régionales Nord des Auditeurs INHESJ et IHEDN.
Le 5 octobre, 5h15, 20 participants embarquent dans le car qui va les conduire à l’aéroport de Bruxelles Zaventem où après deux bonnes heures d’autoroute déjà encombrée à l’approche de la capitale belge, ils accèdent à une aérogare toute neuve et totalement remaniée par rapport au dernier passage de votre serviteur, qui ne date pourtant que de l’an dernier, ce qui remet en cause tous les automatismes, surtout lorsque l’on a en charge toute la logistique d’embarquement du groupe.
Une fois les repères retrouvés, la première préoccupation est de localiser les trois « autochtones » qui, travaillant au Parlement Européen, sont censés nous rejoindre à l’aéroport, ce qui demande une quinzaine de minutes, car à cette heure de grand départ, le hall est bondé.
Vient ensuite la phase, d’une part, de transformation du billet de groupe en 23 cartes d’embarquement, qu’une hôtesse d’accueil va grandement nous faciliter en la traitant personnellement en moins de 5 minutes, d’autre part d’enregistrement des bagages, sur des bornes automatiques bien plus faciles à utiliser qu’à Roissy !
11H05, nous voici à Berlin après un vol sans histoire sur Airbus A319 d’un peu plus d’une heure. Il fait un temps magnifique, comme ce sera le cas durant les trois premiers jours. Volcker, notre guide, est ponctuel au rendez-vous.
Après une promenade en car qui nous fait déjà découvrir certains quartiers berlinois, nous voici au Ziko’s grill, à Charlottenburg, pour un premier repas de spécialités sur le sol allemand qui s’avère le bienvenu, car nos estomacs commencent à crier famine.
Nous repartons ensuite vers le cœur de la capitale, direction le Reichstag où, après les formalités d’usage, nous pouvons accéder à la coupole de verre créée en 1999 par Norman Foster, depuis laquelle nous pouvons admirer Berlin à 360°, avec l’aide d’audiophones qui, à chaque instant, aussi bien lors de la montée du plan incliné que lors de la descente, nous indiquent avec précision ce que nous avons devant les yeux. Revenus sur la terrasse, c’est maintenant l’heure du goûter au restaurant qui s’y trouve, et qui est incontournable vu ses pâtisseries !
Enfin, la journée, commencée à 3h du matin pour la plupart, se termine par une croisière sur la Spree, qui permet de découvrir pendant plus d’une heure, sous des angles inédits et insolites, le quartier gouvernemental et parlementaire, l’Ile aux musées et les quartiers proches.
C’est au-delà de 19h que nous rejoignons enfin l’hôtel Penta Berlin Kopenick, quelque peu excentré, mais qui va nous permettre de résider dans un quartier calme et avec vue sur le port de plaisance de Berlin, pour un buffet et une nuit de repos bien mérités.
Bien entendu, durant les déplacements en car, nous découvrons d’autres quartiers, d’autres monuments, des restes du mur ou son trajet matérialisé au sol, avec les commentaires détaillés de Volcker, et de brefs arrêts pour photographier ou voir de près. Il en sera ainsi tout au long du voyage.
Mardi 6 octobre : Nous avons pris la route du camp de concentration de Sachsenhausen qui se trouve à 120 km de Berlin, qui a abrité de 1936 à 1945 le plus vaste camp répertorié sur le territoire du Reich, où 200 000 détenus furent réduits en esclavage.
Depuis l’hôtel, nous avons traversé des quartiers industriels parfois délabrés, car Berlin a intégré toutes les communes de sa périphérie, que ce soit dans les zones est ou ouest, et la reconstruction n’est pas partout terminée. En tout cas cela nous donne une idée de la taille que pouvaient atteindre les usines et autres brasseries, notamment au 19ème siècle.
La transition est brutale : il n’y a pas de banlieue comme autour de nos villes françaises, c’est tout de suite la campagne et/ou la forêt, même si la capitale elle-même est très verdoyante intra muros.
Pendant tout le trajet, nous remarquerons que le programme de reconversion énergétique suite à Fukushima, de la chancelière, est bien lancé, car partout s’érigent des éoliennes, à perte de vue.
Nous voici enfin à Orianenburg, commune moyenne située à la sortie d’une vaste zone boisée, assez charmante. Dans ce gros village se trouvait un camp de concentration, très proche de celui de Sachsenhausen qui se trouve sur la même commune, mais il a été rasé par les nazis eux-mêmes, car il était en pleine agglomération, donc ce qui s’y passait était trop visible.
Le camp est en lisière du bourg, au bout d’une route que les déportés empruntaient à pied depuis la gare d’Orianenburg ou étaient amenés en convoi. Nous avions choisi de l’inclure dans notre voyage, car en tant que ch’tis, nous nous sentions concernés à double titre : d’une part parce que les fameux « trains de Loos » partant de cette prison de la banlieue lilloise y déversaient les déportés qui y étaient triés avant de partir vers les autres camps de sinistre réputation (Buchenwald, Dachau…), ensuite du fait qu’à la suite des grèves des mineurs du Nord et du Pas de Calais, de 1941, tous les syndicalistes, meneurs, simples grévistes aussi y ont été déportés et exterminés (voir photo de la stèle en leur mémoire). Ce fut une poignante matinée du souvenir.
Retour à Berlin, déjeuner au restaurant zum Schuster jungen, ressemblant beaucoup à celui de la veille au niveau des spécialités (jambonneau, purée de pois, choucroute, strudel), même si la goulache de bœuf est une délicieuse soupe !
L’après-midi est consacrée à la visite du musée de la Kulturbrauerei, installé dans une ancienne brasserie d’un ancien quartier industriel, dans l’ex zone d’Allemagne de l’Est, mais qui n’est pas le DDR Museum figurant sur les guides et se situant devant la cathédrale, et qui est privé. C’est la vitrine de la vie au quotidien des allemands de l’Est, dans toutes les composantes, politiques, familiales, sportives, scolaires, loisirs, professionnelles, etc… En sortant de ce lieu, on se dit « certes on savait, mais on ne se doutait pas jusqu’où ça allait ! » A ne pas rater si d’aventure…
L’après-midi s’est poursuivi par une promenade commentée dans ce quartier où, comme déjà dit plus haut, on découvre l’immensité des constructions industrielles de l’époque. La brasserie où est implanté ce musée, par ailleurs très bien conservée et réhabilitée, est aussi grande qu’une cathédrale !
Mercredi 7 octobre : la journée est consacrée à l’Ile aux Musées, classée au patrimoinne de l’UNESCO, et plus forte concentration de musées en Europe. A 9h, nous retrouvons Isabelle, notre guide franco-allemande pour la journée, devant la cathédrale, le Berliner Dom, initialement la plus grande église protestante d’Allemagne. Après une longue visite commentée, y compris dans la crypte des Hoenzollern, où sarcophages et tombeaux couvrent plus de 400 ans d’histoire, nous rejoignons le Musée Pergame, situé presque en face, qui abrite de multiples collections d’antiquités, et notamment la reconstruction de la porte principale de Babylone. C’est le musée le plus visité de Berlin.
Après une pause déjeuner au restaurant Welhenstephaner, toujours dans l’île aux Musées, c’est l’ancienne Galerie Nationale qui nous accueille, avec ses collections de sculptures et peintures du 19ème siècle, notamment de Watteau, artiste valenciennois bien connu, ce qui est une bonne surprise pour nous.
Enfin, clou de l’après-midi, c’est le Neues Museum, qui vient de rouvrir après 10 ans de restauration, non prévu au programme mais initiative d’Isabelle qui a obtenu une réservation pour le groupe vu sa parfaite connaissance des milieux artistiques berlinois, en tant que guide et conférencière très renommée.
Musée de l’antiquité et de la préhistoire, nous avons découvert, dans une salle qui lui est réservé, et bien gardé par deux solides vigiles, le splendide buste de Néfertiti, dont les photos sont strictement interdites ( !).
Repos bien mérité me direz-vous ?
Et bien non puisqu’à 2 heures du matin, une stridente alarme incendie nous a toutes et tous mis sur le trottoir en pyjamas et chemises de nuit, sous la pluie, jusqu’ à 2h45. Entre temps nous avons vu arriver maints camions de pompiers, dont la grande échelle, mais plus de peur que de mal, le sinistre de peu d’ampleur était au rez de chaussée.
Jeudi 8 octobre : comme nous avions pu le constater la nuit, la pluie s’est invitée et ne nous quittera plus. Retour au centre de Berlin, avec les valises dans le car panoramique pour cette dernière journée où nous avons retrouvé Volcker. C’est d’abord le traditionnel Checkpoint Charlie, puis le Musée du Mur, situé juste en face, privé et connu pour être très cher mais qui semble avoir baissé ses tarifs suite aux multiples réclamations.
La matinée se continue par le Mémorial de l’Holocauste puis le plus grand témoignage du mur, sur la East Side Gallery, peint par 118 artistes, dont le fameux baiser, mais de plus en plus couvert de tags, avec un certain nombre de détours pour le car, car les berlinois ont choisi ce jour pour manifester contre la politique pro-migratoire de la Chancelière.
Enfin, la visite au Mémorial aux juifs assassinés qui devait clôturer cette matinée a été quelque peu bâclée du fait de l’attitude des services qui gèrent ce lieu où l’on vous laisse dehors sous une pluie battante durant de longues dizaines de minutes alors que vous avez une réservation de groupe, et que personne d’autre ne rentre, avant de vous faire subir une fouille qui n’a rien à envier à certains aéroports ! Tout cela nous a amené à une visite au pas de charge très décevante de ce site souterrain qui aurait mérité mieux.
Et c’est là que, de retour au car, stationné Porte de Brandebourg, il manque l’un d’entre nous ! Attente, appels sur son portable, rien ! Abandonnant le reste des participants avec le guide, je suis donc reparti sous la pluie, et après avoir fait plusieurs fois le tour du Mémorial, je suis tombé par chance sur lui qui attendait patiemment à un arrêt d’autobus. Il n’avait pas entendu les consignes données à l’entrée par le guide !
Dernier déjeuner berlinois au Brauhaus Lemke am Schloss, un excellente brasserie située juste en face du Château de Charlottenburg, puis la visite du château, l’un des symboles de Berlin, plus belle et plus grande résidence de la capitale, héritée des Hoenzollern, résidence d’été de la première Reine de Prusse. Comme il continue de pleuvoir abondamment, la visite du parc est abandonnée, et de ce fait, la boutique de souvenirs (intéressants) du château va probablement faire sa meilleure recette de la semaine.
A 17h, comme nous sommes sur le trajet, transfert vers l’aéroport ou nous arriverons bien en avance, ce qui permettra aux uns et aux autres de se disperser quelque peu et de se restaurer, avant un décollage prévu à 20h20, mais qui se fera avec plus de 45 minutes de retard. Moins d’une heure plus tard, nous touchions le tarmac de Bruxelles où nous attendait le car pour le retour avec une arrivée sur Lille un peu après une heure du matin avec plein de souvenirs dans la tête.
Depuis, messages reçus des participants : « c’est où et quand le prochain ? »
C. DUBUISSON